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Chapitre 8 Mesures altimétriques

8.1 Présentation du chapitre

Le Chapitre 7 le montre bien : si les mesures marégraphiques sont précieuses du fait de la longueur des mesures et de la qualité des acquisitions, leur couverture spatiale est très inégale sur l’océan mondial. De nombreuses zones, en particulier les zones de plein océan, sont peu échantillonnées par les marégraphes. L’avènement de l’exploration spatiale a permis de pallier en partie ce problème. Depuis presque trois décennies, l’envois de satellites ont offert à la communauté scientifique de nouveaux types d’acquisitions de données d’où sont déduites de nouvelles caractéristiques des composantes de la marée. Nous allons voir brièvement dans ce chapitre comment ces données sont mesurées et analysées et quelles sont les précautions à prendre au cours de leur utilisation.

8.2 Principes de la mesure altimétrique

8.2.1.1 La marée déduite de l’altimétrie

Deux types de mesures peuvent être effectuées par les satellites pour mesurer les variations du niveau de la mer [Smith, 1999] :

8.2.1.2 La mesure du niveau des océans

Un altimètre mesure la distance entre le satellite et le niveau de la mer. Cette mesure est faite par une onde radar qui est émise par l’antenne de l’altimètre vers l’océan. La surface océanique réfléchit cette onde qui est à nouveau réceptionnée par l’altimètre. La mesure du temps de trajet aller-retour de l’onde et la connaissance de la vitesse de propagation du signal permet, après de nombreuses corrections, d’en déduire la distance entre le satellite et la surface liquide. En réalité, la mesure faite par l’altimètre n’est pas une simple mesure rectiligne vers la Terre et ponctuelle sur la surface océanique. C’est une moyenne de la mesure d’une surface faite une dizaine de fois et moyennée spatialement et temporellement pour donner une unique valeur à une position donnée du satellite.

Des méthodes très précises d’orbitographie comme la télémétrie laser ou la technique radioélectrique permettent de déterminer avec une grande exactitude la position du satellite par rapport à l’ellipsoïde de référence terrestre. La hauteur des variations du niveau de la mer se déduit donc en faisant la différence entre la distance du satellite à l’ellipsoïde et la distance mesurée par l’altimètre. Pour accéder à la mesure de la hauteur de mer (appelée topographie dynamique), il faut encore soustraire la hauteur du géoïde (cf. Figure 41, référence CNES).

Dans le domaine de la modélisation des marées océaniques, la mesure altimétrique a toujours été d’un grand apport scientifique. SEASAT fut le premier satellite dont les données furent utilisées pour en déduire une marée locale ou globale [Mazzega, 1985] suivi par le satellite GEOSAT [Cartwright, 1991; Cartwright and Ray, 1990]. Mais c’est plus particulièrement l’avènement du satellite T/P qui fut et qui est toujours scientifiquement sans précédent. Ainsi de nombreux modèles globaux de marées ont été développés depuis le lancement de T/P [Andersen, 1995; Desai and Wahr, 1995; Eanes and Bettadpur, 1996; Egbert et al., 1994; Kantha et al., 1995; Ma et al., 1994; Matsumoto et al., 1995].


Figure 41 : Principe de mesure de la hauteur de mer par altimétrie satellitaire (CNES)

8.3 Le satellite TOPEX/Poséïdon

8.3.1 Caractéristiques

Plusieurs satellites, tels Seasat, Geosat et ERS1/2, ont emporté à leur bord des altimètres pour mesurer les variations de la hauteur de mer. Cependant, la mise en évidence de ces variations par altimétrie spatiale est très complexe et les premières mesures, certes inestimables pour la couverture spatiale qu’elles apportaient alors, ne sont pas de la précision requise par les modèles actuels de marée. C’est pourquoi, dans notre étude seul le dernier modèle de satellite altimétrique répond à nos besoins spécifiques et sera pris en compte : TOPEX/Poséïdon (T/P) [Fu et al., 1994]. Ce satellite franco-américain, fruit de la collaboration entre la NASA et le CNES, a été lancé en août 1992 en ayant pour but de mesurer les hauteurs de mer avec une précision de l’ordre du centimètre.

Il gravite à 1336 km d’altitude, ce qui minimise la sensibilité aux anomalies du champ de gravité ou aux effets résiduels de traînées atmosphériques. Son orbite inclinée à 66° lui permet de couvrir tous les océans situés entre les latitudes +66,039° et -66,039°. Les zones polaires ne sont pas échantillonnées. Sa période de révolution est de 9,9156 jours, ce qui permet d’avoir un bon compromis entre résolution spatiale (cf. Figure 42) et résolution temporelle. On appelle cycle l’intervalle de temps entre chaque révolution du satellite. Cependant nous verrons que cet écart de temps conduit à des problèmes d’aliasing. En effet, il y a un repliement du spectre des ondes semi-diurnes dans le spectre des longues périodes à 60 jours.

Outre les deux altimètres TOPEX et Poséïdon, l’instrumentation comprend également trois systèmes d’orbitographies et un radiomètre en vue de corriger la mesure des perturbations atmosphériques sur le signal radar. L’altimètre acquiert une mesure tous les dixièmes de secondes. Des moyennes sur 10 mesures permettent d’obtenir une valeur par seconde, soit une valeur tous les 7 km le long d’une trace.


Figure 42 : Traces T/P sur la surface océanique (cycle 126)

8.3.2 Corrections du signal altimétrique

8.3.2.1 Corrections appliquées au signal

Comme nous l’avons écrit plus haut, les mesures altimétriques doivent subir un certain nombre de corrections avant d’être exploitables [AVISO, 1996]. En effet, puisque la précision des mesures requises est de l'ordre du centimètre, il est indispensable de leur apporter des corrections. Ces dernières doivent corriger trois types de perturbations du signal de la mesure : Les bruits instrumentaux sont dus à des perturbations à bord du satellite. Afin de prendre en compte le délai de traitement des instruments et la distance entre le centre de gravité du satellite et l’instrumentation, des corrections doivent être appliquées pour accéder à une mesure absolue [Christensen et al., 1994; Ménard et al., 1994]. Pour positionner le satellite, des systèmes d’orbitographie sont mis en place. Ils permettent de réduire la composante radiale de la position du satellite par rapport à l’ellipsoïde de référence à quelques centimètres. Les corrections géophysiques sont plus nombreuses et nécessitent une étude au cas par cas.

8.3.2.2 Corrections géophysiques

Elles doivent corriger : Comme l’océan, l'atmosphère terrestre n'est pas homogène mais stratifiée. Ses couches diffèrent par leur composition en gaz, en électrons libres, en vapeur d'eau… Or tous ces facteurs intervenant dans l'expression de l'indice de réfraction du milieu, la célérité de l'onde est modifiée selon la couche de l'atmosphère qu'elle traverse : dans l’ionosphère, les électrons libres ralentissent l’onde ; dans la troposphère, ce sont les gaz atmosphériques. C’est pourquoi de nombreuses corrections doivent être appliquées.

Plus la mer est agitée, plus sa rugosité est élevée, et plus la puissance du signal envoyé par l’altimètre est reçue faiblement par ce dernier. Les creux des vagues réfléchissent plus le signal radar que les crêtes ce qui entraîne une sous-estimation de la mesure de la hauteur de la surface instantané, d’où la nécessité de corriger les mesures en tenant compte de l’état de la mer. Il peut-être modélisé en termes de hauteur significative des vagues et de la vitesse de vent qui applique une friction à la surface de la mer [Gaspar et al., 1994].

Théoriquement, dans le cadre de l'hydrostatique, une augmentation de pression à la surface de la mer entraîne une diminution de hauteur de mer. Grossièrement, une augmentation de pression de 1 mbar entraîne une diminution de hauteur de mer de 1 cm. La pression atmosphérique locale est prise en compte par une correction de baromètre inverse.

Tout comme les masses fluides océaniques, la Terre se déforme sous l’action de la Lune et du Soleil. Ces deux astres créent des marées terrestres. Cette déformation élastique du globe solide doit être retirée de la mesure altimétrique pour accéder au signal océanique.

Plus la hauteur de mer est importante, plus la poussée exercée par la masse d’eau sur le fond océanique augmente. Cette masse d’eau va entraîner une déformation de ce fond en créant une marée de charge. Des corrections tenant compte de cette marée de charge sont aussi à appliquer.

Ainsi pour obtenir la signature des variations du niveau océanique, il faut appliquer toutes ces correction au signal altimétrique brut. C’est l’analyse de ce signal corrigé qui va nous permettre d’obtenir les composantes de la marée qui nous intéressent plus particulièrement dans le cadre de notre étude.

8.4 Problème de l’aliasing

8.4.1 Définition

Un satellite est en rotation constante autour de la Terre sur une orbite répétitive. D’après le paragraphe 8.3.1, pour T/P cette répétition est de 9,9156 jours. Ce qui implique que la mesure ponctuelle d’une hauteur de mer instantanée à un endroit donné ne pourra être faite que tous les 9,9156 jours. Le satellite fournit donc une série temporelle (suite discrète de valeurs) des variations du niveau de la surface océanique de période égale à 9,9156 jours. D’après la théorie du signal, un signal continu en temps de période T ne pourra être complètement reconstitué à partir de valeurs discrétisées que si ces valeurs sont échantillonnées à une fréquence supérieure à 2/T (fréquence de Nyquist). Si l’intervalle d’échantillonnage est supérieur à T/2 alors le signal de fréquence 1/T devient aliasé, c’est-à-dire qu’il prend les propriétés d’un signal de période bien plus longue (phénomène de repliement). Dans le cas de l’altimétrie spatiale, ce phénomène d’aliasing est donc lié à la période de révolution du satellite. C’est un effet indésirable de battement qui résulte d'une fréquence d'échantillonnage trop grande [Schalx and Chelton, 1995].

Sur un exemple très simple, la Figure 43 présente ce phénomène d’aliasing. Soit un signal périodique (trait foncé) de période T inférieure à la période d’échantillonnage T0 l’intervalle de temps entre deux instants de mesures échantillonnant ce signal (représenté par des points). Le signal reconstitué (trait clair) à partir de ces points sous échantillonnés conduit à un signal de période apparente Ta qui est bien supérieure à T et surtout à T0. Le sous échantillonnage du signal n’a pas permis sa reconstitution.


Figure 43 : Le phénomène d’aliasing

Ainsi, dans notre cas, il y a repliement des hautes fréquences de la marée vers les basses fréquences.

8.4.2 Aliasing des données altimétriques

Dans le cadre de l’étude de la marée, il faut donc tenir compte de ces périodes d’aliasing pour chacune des ondes constituant le spectre de marée. Pour déterminer la période minimale de mesure pour ne pas avoir le repliement du spectre d’une onde posons [Ponchaut, 1998] :

(8.68)

avec :

Pour ne pas avoir d’aliasing pour une onde de fréquence , il faut que l’entier n vérifie :

(8.69)

Ainsi, en résolvant (8.69), nous pouvons calculer les périodes d’aliasing des principales ondes du spectre pour les données de T/P (Tableau 13). La période réelle indique la période du phénomène répétitif de l’onde. La période aliasée est le temps minimal d’échantillonnage de mesure pour T/P afin d’obtenir une analyse non aliasée de la composante considérée.
 

Ondes
Période réelle (heures)
Période aliasée (jours)
K1
23.934
173.192
O1
25.819
45.714
P1
24.066
88.891
S1
24.000
117.483
Q1
26.868
69.364
OO1
22.306
29.920
J1
23.098
32.768
M2
12.441
62.107
S2
12.000
58.742
N2
12.658
49.528
K2
11.967
86.596
2N2
12.905
22.538
m2
12.872
20.315
n2
12.626
65.216
L2
12.192
20.636
T2
12.016
50.604
M4
6.210
31.054
MS4
6.103
1083.939
M6
4.140
20.702

Tableau 13 : Périodes d’aliasing des ondes de marées dans le signal altimétrique de T/P

8.4.3 Séparation des ondes

Mais un autre phénomène de la théorie du signal se produit aussi dans l’analyse des données T/P et entraîne une certaine imprécision dans les analyses. En effet les ondes qui ont des fréquences très proches les unes des autres doivent être séparées lors de l’analyse du signal altimétrique. Les ondes d’une même espèce requièrent donc une attention encore plus importante lors de l’analyse du signal altimétrique. La répétitivité du satellite intervient encore dans ce phénomène. La séparation des ondes est liée à la longueur en temps de la série d’observation.

Le critère de séparation des ondes le plus communément employé est celui de Rayleigh [Parke et al., 1987; Ponchaut, 1998]. Il permet de déterminer la période minimale d’observation ô necessaire à la séparation de deux ondes de fréquences  et voisines :

(8.70)

Ainsi faut-il des temps de mesures beaucoup plus longs pour pouvoir départager certaines ondes entre elles. Nous donnons dans le Tableau 14 [Smith, 1999], les périodes nécessaires pour séparer deux ondes de marées par l’analyse du signal altimétrique issu de T/P.

M2
S2
N2
K2
K1
O1
P1
Q1
Mf
Mm
Ssa
Sa
M2
62
1084
245
220
97
173
206
594
87
50
94
75
S2
-
59
316
183
89
206
173
384
94
52
87
70
N2
-
-
50
116
69
594
112
173
134
62
68
57
K2
-
-
-
87
173
97
3355
349
62
40
165
114
K1
-
-
-
-
173
62
183
116
46
33
3355
329
O1
-
-
-
-
-
46
94
134
173
69
61
52
P1
-
-
-
-
-
-
89
316
61
40
173
118
Q1
-
-
-
-
-
-
-
69
76
46
112
86
Mf
-
-
-
-
-
-
-
-
36
116
45
40
Mm
-
-
-
-
-
-
-
-
-
28
33
30
Ssa
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
183
365
Sa
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
365

Tableau 14 : Période nécessaire à la séparation des ondes de marée entre elles dans un signal T/P
(en jours)

Ainsi, nous pouvons noter qu’il faut plus de 2 ans de mesures T/P pour pouvoir séparer les composantes M2 et S2 et presque 10 ans pour K1 et Ssa. Cependant la période de T/P est intéressante car, comme le montre le Tableau 14, la plupart des ondes peuvent être séparées entre elles avec moins d’un an de mesures, ce qui explique pourquoi de nombreux modèles de marée ont pu voir le jour seulement un an après le lancement de T/P.

8.4.4 Analyse aux points de croisement

La rotation de T/P autour de la Terre introduit des points de mesures plus intéressant que les autres : ce sont les points de croisement à l’intersection de deux traces au sol du satellite. A ces points de croisement correspondent deux fois plus de points de mesures, puisqu’une mesure est faite sur une trace montante et une sur une trace descendante au cours d’un même cycle. La Figure 44 illustre ce fait pour les mesures fournies par AVISO [1996] pour le cycle 126.


Figure 44 : Répartition des mesures de T/P aux points de croisement (données AVISO du cycle 126)

Il est donc possible d’utiliser cette information supplémentaire pour réduire le problème de l’aliasing des hautes fréquences de la marée vers les basses fréquences. Cependant un autre problème apparaît dans ce cas, car les intervalles de temps entre un passage ascendant et le passage descendant consécutif ne sont pas constants mais sont fonctions de la latitude du point de croisement [Ponchaut, 1998; Schrama and Ray, 1994]. Pour apporter une information nouvelle entre deux de ces moments consécutifs (toujours inférieur à la demi période de T/P soit 4,958 jours), il faut que les phases de l’onde considérée sur la trace montante et la trace descendante soit le plus possible différentes. Ainsi les ondes possèdent une ou plusieurs bandes de latitude où l’étude aux points de croisement est réellement intéressante et d’autres qui n’apportent que très peu d’information supplémentaire (cf. Tableau 15, tiré de [Schrama and Ray, 1994]).

Latitude (degrés)
Intervalle de temps (jours)
Q1
O1
P1
K1
N2
M2
S2
K2
66,12
-3,9823
159
107
162
110
66,08
-1,0157
66,03
1,9509
-93
-108
65,97
4,9175
141
-154
116
-179
65,89
-2,0315
65,80
0,9351
65,70
3,9017
175
-134
143
-166
65,58
-3,0473
100
65,44
-0,0807
65,29
2,8859
-152
-114
170
-153
65,12
-4,0631
133
107
64,93
-1,0965
64,73
1,8701
-119
-94
-164
-139
-94
-90
64,50
4,8367
115
179
124
-118
-108
64,26
-2,1123
64,01
0,8542
-137
-126
-105
-103
63,73
3,8208
149
-161
138
-129
-122
63,42
-3,1283
-92
-99
63,10
-0,1617
-110
-112
-116
-117
62,75
2,8048
-178
-141
114
151
-141
-135
62,38
-4,1442
107
-104
-112
61,98
-1,1777
-99
-128
-130
61,56
1,7888
-145
-121
141
164
-152
-149
61,10
4,7553
151
-93
-176
-167
60,62
-2,1938
-140
-144
60,10
0,7727
-112
-101
167
177
-164
-162
59,55
3,7391
122
171
-98
-90
172
180
58,96
-3,2100
-151
-158
58,33
-0,2435
-166
-169
-175
-176
57,65
2,7228
156
-169
-102
-97
94
160
166
56,94
-4,2263
-163
-171
56,17
-1,2599
-92
-95
-140
-156
173
170
55,34
1,7064
-171
-149
-107
-104
107
149
152
54,46
4,6727
124
-122
-113
124
134
53,52
-2,2766
-97
-102
-114
-144
161
156
52,51
0,6897
-138
-129
-112
-111
111
120
137
138
51,43
3,6560
96
143
-127
-120
112
119
50,26
-3,2934
-102
-109
-131
149
142
49,01
-0,3272
-105
-110
-117
-118
137
132
124
124
47,67
2,6389
129
163
-133
-127
100
105
46,22
-4,3106
-108
-116
-119
136
128
44,66
-1,3446
-123
-125
162
145
112
109
42,98
1,6214
161
-177
-138
-135
91
41,17
4,5874
95
-153
-144
-109
39,21
-2,3624
-128
-133
-172
157
99
94
37,10
0,6034
-166
-158
-143
-142
34,82
3,5692
114
-159
-152
32,37
-3,3808
-134
-140
-148
168
29,72
-0,4152
-134
-139
-149
-150
26,89
2,5503
100
133
-164
-159
23,85
-4,3999
-140
-148
-123
179
20,61
-1,4346
-101
-120
-155
-158
101
17,18
1,5306
132
152
-170
-167
13,57
4,4958
174
-177
-171
-113
9,81
-2,4547
-101
-161
-166
125
92
5,94
0,5103
164
171
-177
-176
1,99
3,4753
168
175
-148
-103

Tableau 15 : Déphasage des ondes aux points de croisement

Pour éviter de surcharger le Tableau 15, nous n’avons reporté que les déphasages supérieurs à 90 degrés [Ponchaut, 1998]. Ainsi, les points de croisement aux hautes latitudes n’apporteront que peu d’information dans l’étude des ondes P1 et K1, seule la bande comprise entre 46º et 64º sera d’un intérêt significatif pour les ondes K2 et S2. Pour les autres ondes, les bandes de latitudes apportant une information significative aux points de croisement sont moins explicites. Le problème de la réduction de l’aliasing aux points de croisement sera donc dépendant de l’onde considérée et de la latitude du point considéré.

8.5 Comparaison avec les marégraphes

La distribution spatiale des mesures altimétriques sur la surface des océans est la véritable amélioration qu’elles apportent par rapport aux marégraphes, en particulier aux points de croisement des traces.

Cependant, alors que seuls quelques mois de mesures marégraphiques suffisent pour obtenir une décomposition harmonique précise de l’enregistrement des variations du niveau de la mer, l’effet de l’aliasing dans l’analyse des mesures altimétriques impose que nous ayons besoin de plusieurs années pour obtenir le même spectre. De plus, la mise en place logistique est très lourde (quantité énorme de données à analyser, à corriger et à distribuer) et très coûteuse (envoi d’un satellite dans l’espace, maintenance et collecte des données).

Dans l’étude des marées, il faut donc voir la mesure satellitale comme un complément de la mesure marégraphique et non pas un remplacement. Chaque type de mesure à ses avantages et ses inconvénients. L’utilisation réfléchie de ces deux sources d’informations pour la validation et l’amélioration des modèles hydrodynamiques est un atout très important qu’il ne faut pas négliger. Dans la suite de notre travail nous allons mettre en œuvre ces deux informations de manière complémentaire afin de produire une modélisation de la marée la plus précise possible.

Partie III
Modélisation de la marée

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Title: Thèse de Fabien Lefèvre
Issue: Version 1.0
Date: 29/09/2000